Contes basques 28

Contes basques

Voici divers contes basques : le serpent Lhen Sugea, la dame d’Anboto, la lamina dans la maison

contes basques

Le serpent Lhen sugea

On raconte depuis des temps bien lointains, que la Rhune cachait un gigantesque serpent à sept gueules nommé Lhen Sugea qui dormait sous le mont, et était considéré comme le maître du monde par les gens de la contrée. Sur le mont Larrun vivait alors un berger.

Un jour, ce berger tomba amoureux d’une jeune fille de la plaine. La demoiselle lui fit savoir qu’elle ne prendrait pour mari qu’un homme riche et puissant.
Afin de satisfaire la belle, le berger alla voir le diable en lui offrant son âme en échange de richesses. Mais l’âme du berger ne suffisait pas au démon. Il lui ordonna d’incendier toutes les forêts de la Rhune. Le feu réveilla alors Lhen Sugea qui cracha par ses sept gueules l’or et l’argent dissimulés sous le mont.

Le berger, voyant toutes ces richesses déferler de part et d’autre de la montagne, ne put s’empêcher de plonger dans le feu pour amasser tant de fortune. Il périt brûlé. Depuis ce temps, les versants du mont Larrun restèrent vierges de toute végétation.


La Dame d’Anboto

Les anciens disent qu’une jeune fille des environs de Markina s’en alla garder les brebis à Gabaro et, qu’en s’approchant de la caveme, elle y fut enfermée par la Dame d’Anboto qui l’éleva comme une très belle demoiselle : le travail de cette jeune fille consistait à filer sans cesse, et jamais elle ne sortit dehors. La Dame lui apportait de l’extérieur tout ce qu’elle désirait. La Dame lui dit un jour :
« Maintenant tu dois sortir. »

Mais la jeune fille ne voulait pas sortir car elle se trouvait bien dedans. Mais quand elle fut enfin prête à sortir, la Dame lui dit :
« Prends donc une poignée de charbon. »
« En quoi ai-je besoin de charbon ? » répondit la fille.
Quand elle fut dehors, elle regarda ses mains et vit que tout était de l’or rouge.


La lamiña dans la maison

Il y avait une fois un monsieur et une dame. Et un soir, tandis qu’elle filait, une Lamina apparut à la dame et ils ne purent se débarrasser d’elle. Ils lui donnaient tous les soirs un jambon à manger et à la fin ils finirent par en avoir assez de cette Lamina.

Un jour la dame dit à son mari :
«Je ne peux plus supporter cette Lamina, j’aimerais bien la chasser. »
Et le mari imagina de s’habiller avec les vêtements de sa femme et de faire comme si c’était elle et il fit ainsi. La femme s’en alla au lit et l’homme resta seul dans la cuisine et la Lamina vint comme à son habitude. Et le mari filait.

La Lamina lui dit :
«Bonjour madame !
-Pareillement, asseyez-vous.
-Autrefois vous faisiez chirin, chirin, mais maintenant
vous faites firgilun, fargalun. »

L’homme lui répondit: «Oui, maintenant je suis fatigué. »
Comme sa femme lui donnait à manger du jambon, l’homme lui en offrit aussi.
« Vous voulez votre dîner maintenant ?
-Oui, s’il vous plaît », répondit la Lamina.

Il mit la poêle au feu avec un morceau de jambon. Il attendit que cela cuise et quand elle fut rouge, bien rouge, il la jeta droit dans la figure de la Lamina. La pauvre Lamina se mit à pousser des hauts cris et une trentaine de ses amies accoururent alors.

« Qui t’a fait du mal ?
-Moi, à moi-même, je me suis blessée toute seule.
-Si tu t’es fait cela toi-même, guéris-le toi-même. »

Et toutes les Lamina partirent et dès lors il n’est plus venu de Lamina dans cette maison. Ce monsieur et cette dame vivaient autrefois très bien, mais depuis que la Lamina ne venail plus la maison tomba peu à peu en ruine et ils terminèrent leur vie dans la misère. Et s’ils avaient bien vécu, ils seraient bien morts.